IN SILICO
In Silico est une série de peintures, nommée d’après un néologisme d’inspiration latine désignant une recherche résultant de modélisations numériques. Tous mes sujets picturaux, depuis bientôt 20 ans, viennent du digital, de modélisations 3D, qui fonctionnent comme un carnet de croquis, mes esquisses. Cet univers virtuel est une sorte de « metaverse » personnel.
thématique de la série
La série In Silico est composée de peintures à l’huile sur toile mettant en scène une nature digitalisée. Ce travail a été démarré en février 2020 après deux étapes significatives : la série Vanités (2018 – 2020) qui mettait pour la première fois en scène des objets végétaux dans mon travail, et la réalisation en 2019 d’un film d’animation 3D en collaboration avec le dessinateur belge François Schuiten, qui aura été pour moi l’occasion d’approfondir mes compétences en modélisation informatique.
Après avoir travaillé pendant de nombreuses années autours de formes construites, fonctionnelles, allant des bunkers et villas luxueuses (Derniers paysages 1, 2004-2011 et derniers paysages III, 2011-2013) aux formes industrielles (Ex Machina, 2014 – 2019) et aux objets technologiques récents de la medtech (Vanités, 2018 – 2020). Je me suis intéressé à des formes plu organiques, qui d’un point de vue mathématique et informatique, sont plus imprévisibles et complexes.
J’ai alors commencé à composer sur la base d’observations issues de la nature (plantes, organes, structures géologiques, racines). Mon intérêt porte sur l’essence de ces structures, leurs analogies, le résultat consiste en des formes hybrides frôlant parfois avec l’abstraction sans jamais l’atteindre vraiment.
La notion d’aléatoire et de chaos inhérente à certains sujets naturels m’a également fasciné, il est par exemple impossible de calculer ou prévoir de manière exacte la trajectoire de la fumée, ou de la racine d’une plante. Dans cette optique, un de mes films d’animation 3D en lien avec la série met en scène un réseau de racines qui poussent lentement de manière désordonnée, jusqu’à envahir et obscurcir totalement l’écran. Il est fascinant de savoir qu’en cas de disparition totale de notre civilisation, 300’000 années d’existence seraient bien vite effacées. Les végétaux recouvriraient les plus grandes villes assez rapidement, ne laissant que peu de traces de notre passage.
VANITÉS
Vanités est une série de peinture réalisée entre 2018 et 2020 potant un intérêt au transhumanisme. Les compositions mêlent des prothèses et instruments de la medtech à des fleurs, ossements, et autres symboles classiques de la vanité.
thématique de la série
«Dès les années 2030, nous allons, grâce à l’hybridation de nos cerveaux avec des nano-composants électroniques, disposer d’un pouvoir démiurgique.»
Cette citation récente de Ray Kurzweil, ingénieur en chef de Google, interpelle.
Toutefois, à une époque où nous sommes capables de créer des cœurs artificiels fonctionnels, d’imprimer des vaisseaux sanguins ou même de faire remarcher des tétraplégiques à l’aide d’exosquelettes mécaniques, il est évident que des changements radicaux sont en cours concernant notre rapport à la mort.
La fusion de l’homme et de la technique pose plusieurs questions. Il y a 10 ans, Oscar Pistorius – un athlète amputé des deux jambes et équipé de prothèses en carbone – s’est vu refuser la participation aux Jeux Olympiques de Pékin sous prétexte que ses prothèses lui conféraient «un avantage mécanique évident».
De l’homme réparé à l’homme augmenté, il n’y a qu’un pas. Ainsi certains transhumanistes prônant l’usage de la technologie pour améliorer la condition humaine estiment que les premiers humains qui vivront au-delà de 200 ans sont déjà nés.
Héritage du calvinisme depuis le XVIIe siècle, la tradition de la vanité s’inscrit dans le genre des « memento mori ». Elle vise à questionner notre rapport à la mort et au passage du temps.
Dans une époque de changements conséquents, je souhaite réinterpréter les codes classiques de la vanité au travers de compositions picturales mêlant fleurs symboliques, ossements, symboles anciens de résurrection et prothèses médicales.
EX MACHINA
Cette série est composée de peintures (huiles sur toiles) représentant différents éléments industriels que j’ai observés ou pratiqués. Les machines me fascinent en tant qu’éléments générateurs d’objets, de séries, de processus, mais également sur le plan formel, car leurs formes ont pour seule origine la fonction.
thématique de la série
J’ai récolté depuis 2005 de nombreuses données, croquis, observations, sur des machines que j’ai pu observer ou expérimenter en tant qu’ouvrier.
À partir de ces données, j’effectue depuis fin 2013 une série de peintures représentant ces formes dépourvues de leur fonction, comme des « natures mortes », où des objets hybrides, mi-sculpturaux.
Sans titre (Ex Machina n°1)
Oil on Canvas 2015, 200 x 160 cm / Art Collection BNP Paribas, Switzerland
Sans titre (Ex Machina n°16)
Oil on Canvas 2016 – 2017, 200 x 160 cm / Collection Museum of Arts, La Chaux-de-Fonds.
Dernier Paysage I
Fasciné par l’observation du climat de crainte dans lequel nous évoluons et par les réflexes sécuritaires qui en découlent, j’ai commencé en 2004 une série de peintures mêlant technique classique (huile sur toile) et imagerie de synthèse, représentant des lieux de l’ordre du dernier paysage en cas de catastrophe.
Bunkers, abris antiatomiques, caves, et autres lieux clos, comportant le strict minimum vital, sont des sujets courants dans mon travail, qui prend au pied de la lettre les pires scénarios qui nous ont étés annoncés durant ces dernières années.